Jeudi 21 mars à 18h30 aura lieu le vernissage de l’exposition présentée dans l’ESPACE millecamps et intitulée « C’est comme une histoire ». Cette nouvelle exposition s’inscrit dans le cadre d’un partenariat spécifique avec le FRAC des Pays de la Loire. Elle fait écho à la programmation du centre culturel L’Échiquier qui présentera notamment une conférence sur le thème « l’enfance dans l’art ». Ce projet conduit par M. Lionel Théfany, professeur d’arts plastiques, et Mme Anne-Laure Arrivé, professeure de français, implique les élèves de la classe de 6ème C dans le commissariat et le montage de l’exposition ainsi que dans la médiation autour des œuvres.
Les élèves ont choisi les œuvres de :
Jean-Luc BLANC
Sans titre (Petite fille), 2002-2004
Huile sur toile
150 x 150 x 2,5 cm
Acquisition en 2004
Collection du Frac des Pays de la Loire
Né en 1965 à Nice, il vit à Paris.
Les dessins et peintures de Jean-Luc Blanc, presque toujours de même format, réalisés à la gouache, au crayon ou au pastel, s’apparentent aussi bien à des illustrations de magazines qu’à celles des livres pour enfants. Les peintures qu’il réalise à partir de 2000 reposent sur une pratique de la réappropriation : l’artiste collecte un corpus d’images trouvées – cinéma, revues, articles de presse, cartes postales, publicités – puis en repeint ensuite les motifs sur une toile de grand format en les isolant, sans jamais les intituler. Sur un fond orangé, un garçon de face fixant le spectateur appuie plusieurs doigts de sa main sur son cou. Extraite d’un manuel de Sciences de la Vie et de la Terre trouvé par l’artiste, l’image a caractère didactique décrit une façon de mesurer son pouls. En répliquant et en extirpant une image de son contexte d’origine, Jean-Luc Blanc pare le petit garçon d’une troublante aura que vient accentuer son aspect atemporel, ce type d’ouvrages renouvelant très peu son iconographie. Par cette abstraction, la mise en scène sous-jacente de la photographie d’origine prend ici toute son ampleur et la fait basculer dans un autre registre, convoquant alors d’autres référents possibles, du genre du portrait au cinéma fantastique. La banalité formelle de l’image et celle du geste réalisé par le petit garçon se transforment, convoquant l’imaginaire du regardeur.
Olga BOLDYREFF
Chien, 1997
Flamant, 1997
Pointes en acier, tricotin en fil de coton
Dimensions variables
Acquisition en 1998
Collection du Frac des Pays de la Loire
Née en 1957 à Nantes (Loire-Atlantique) où elle vit.
Née de parents russes, Olga Boldyreff introduit très tôt dans son œuvre une logique de l’errance, témoin de son déracinement et de la complexité de son identité. Grande voyageuse, elle transforme des déplacements – souvent considérés comme du temps perdu – en temps de création. Tricoter, broder, sont des passe-temps aux gestes répétitifs dans lesquels l’esprit s’évade. Elle crée alors sa matière première : le fil tissé, tressé qu’elle va ensuite investir dans ses œuvres. L’emploi d’un tel matériaux fait à la fois référence au folklore russe, où tissage et broderie ont une place centrale, et est pour elle un moyen de revendiquer la place de la femme dans la société par l’utilisation d’outils considérés comme féminin.
Réinventant une manière de dessiner, Olga Boldyreff. installe ses lignes – fils de tricotin – dans l’espace. L’artiste livre l’œuvre sous la forme d’une boîte : une pelote de cordelette, le patron du dessin, le mode d’emploi ainsi que les pointes. Le dessin, nomade, est donc à reproduire directement sur le mur à chaque exposition. Une manière de laisser échapper le dessin de la feuille et de l’hybrider. Dessin et fil s’entremêlent, souvenirs de traditions populaires, où les motifs brodés, tissés ou crochetés se transmettaient comme un héritage. Ces “dessins-de-fil”, éphémères, interrogent l’espace et le temps. Les objets sont simplifiés à l’extrême, dépossédés de leur masse et évoquant l’imagerie enfantine. L’artiste se joue du vide pour créer le plein. Par le divorce impossible de l’œuvre et du mur, le dessin se nourrit d’une tension supplémentaire, doucement cruelle.
David de TSCHARNER
Faces, 2014
Vidéo HD, couleur, son
29’46’’, en boucle
Acquisition en 2014
Collection du Frac des Pays de la Loire
Né à Lausanne en 1979, il vit à Bruxelles (Belgique).
David de Tscharner fait partie de cette nouvelle génération qui multiplie sans complexe les moyens d’expression, de l’installation à la performance musicale en passant par le commissariat d’expositions. Son langage plastique prend racine dans l’imagerie cinématographique populaire de ce qu’on appelle un cinéma de « série b » que l’artiste se réapproprie en y glissant sa poésie. C’est dans un univers très enfantin et teinté d’autobiographie que l’artiste nous plonge. « Enfant, j’avais souvent en poche une boule de pâte à modeler que je pétrissais nerveusement. J’aimais y voir défiler des visages. Ils émergeaient, se transformaient, disparaissaient, retournaient à l’informe. J’étais spectateur de la chorégraphie exécutée par mes doigts. Le modelage a intégré ma pratique artistique et le geste anodin a été absorbé dans une activité professionnelle. Récemment, en assouplissant de la terre pour réaliser une céramique, les visages ont recommencé à se succéder. Réalisant soudain la cohérence de cette action avec mes préoccupations artistiques actuelles, je décidais de la pérenniser en réalisant une vidéo. En dehors du fait que l’idée même du projet est basée sur un souvenir de jeunesse, l’aspect autobiographique semble apparaître à travers tous ces visages. Comme le millier de reflets de mon moi intérieur inspiré par le millier de personnes que j’ai pu observer. Le procédé quant à lui est entièrement visible et contribue au caractère performatif de l’œuvre. Il n’y a aucun effet, la scuplture se crée sous l’œil attentif du spectateur qui devient lui-même acteur de cette transformation. » David de Tscharner
Genêt MAYOR
Petite cathédrale, 2005
Cheville en bois et colle
47 x 52 x 57 cm
Acquisition en 2007
Collection du Frac des Pays de la Loire
Né en 1976 à Cheseaux, il vit à Lausanne (Suisse).
Le travail de Genêt Mayor peut s’assimiler notamment à une entreprise de détournement, une réappropriation savoureuse de nombreux héritages théoriques de l’histoire de l’art contemporain. Agissant comme autant de clins d’œil à des paradigmes et des procédures d’accrochages, de mise en espaces, les expositions de l’artiste tiennent du jeu de piste. Ses dessins, peintures et objets sculpturaux opèrent par additions, recompilations ou glissements tels des réinterprétations possibles des acquis modernistes. Une des particularités de la production de Genêt Mayor, est qu’elle réactive des protocles formels à partir de matériaux du quotidien : fournitures de bureau, produits de consommation courant, préfabriqués… Alliée à un processus plastique reposant sur des récurrences basiques, cette simplicité des moyens utilisés instaure une tension entre conceptuel et littéralité. De par son titre et sa dimension l’œuvre présentée ici, simple amas de tourillons d’ébéniste, renvoie à une maquette d’architecture sacrée, mais aussi de par sa forme pyramidale, sa structure sérielle et sa facture en bois brute à une architecture « vernaculaire » postmoderniste du nord de la Californie. Après avoir décidé de s’emparer d’objets de bricolage l’artiste complexifie la lecture finale et brouille les pistes.
Roman SIGNER
Tuch, 1995
Né en 1938 à Appenzell. Vit à Saint-Gall (Suisse).
Tuch, 1995
Série de 7 photographies noir et blanc, 41,5 x 31,5 cm chacune encadrée
Si l’on se fonde sur les dates, de la naissance et des débuts du travail artistique, Roman Signer est le contemporain des “ marcheurs ” anglais Richard Long et Hamish Fulton. C’est que les uns et les autres opèrent dans le cadre de la nature et du paysage, y conçoivent des formes d’intervention et de sculpture qui, pour s’opposer parfois, n’en explorent pas moins des zones inédites. Tous marqués par le contexte de l’art conceptuel, ils font aussi de la trace matérielle un élément essentiel d’interventions qui relèvent autant de la performance que de l’action. Mais là où les Anglais adoptent une position quasi-contemplative et fort peu interventionniste, Roman Signer se pose en modificateur des apparences, en expérimentateur déterminé, visible et voyant quoique jamais démiurge, encore moins arrogant. C’est le silence qui sied à Long et Fulton, le silence et la lenteur ; c’est l’explosion, le bruit, les formes vives du mouvement (plutôt que la vitesse), l’éclaboussure et la fumée qui caractérisent Signer.
Tuch est une pièce qui appartient au Frac. Il s’agit de photographies en noir et blanc qui rendent compte d’une action très représentative du travail de Signer. L’artiste est assis sur un tabouret, une nappe les recouvre. De chaque coin de la nappe, une mèche s’en va dans quatre seaux qui forment carré. Quatre explosions ont lieu qui propulsent la nappe en l’air, découvrant l’artiste assis, puis la nappe retombe et c’est fini. Les images retracent cette chronologie. La présence du paysage en arrière-plan est très importante. Il s’agit véritablement d’une action sur le paysage, un peu absurde, certes, mais d’une évidente poésie. Hic et nunc.
Jean-Marc Huitorel, catalogue de la collection des œuvres du Frac des Pays de la Loire, 2002
Koo JEON-A
Maisons flottantes, 1994
Bois et morceaux de sucre blanc
Dimensions variables
Acquisition en 1995
Collection du Frac des Pays de la Loire
Née en 1967 à Séoul (République de Corée), vit à Paris.
Jeong-a Koo, artiste d’origine coréenne installée à Paris depuis 1991, réalise des œuvres qui s’apparentent le plus souvent à des interventions éphémères dans des lieux privés ou publics (appartements qu’elle a successivement habités, divers locaux désaffectés, galeries, etc.) en prenant en compte les singularités des espaces donnés. Elle a toujours manifesté un intérêt pour les matériaux banals ou inhabituels (naphtaline, médicaments, etc) qu’elle associe dans une sorte d’improvisation relevant de son imaginaire et de son plaisir. Jamais elle ne conçoit de plan, comme pourrait le faire un designer ou un architecte, pour un objet qui nécessiterait des matériaux précis et adaptés.
Ainsi, ses Maisons flottantes sont de minuscules architectures construites en morceaux de sucre et en planchettes de bois empilés, repositionnables, sans montage prédéfini. À l’image des jeux de construction en bois, l’individu est libre de monter, à sa guise, la maison de son choix. Fluides et furtives, modifiables et constructibles, les Maisons flottantes sont installées différemment, bien souvent dans un coin, utilisant à chaque fois les ressources du lieu. Ce qui importe pour Koo Jeong-a, c’est le temps de la réalisation de l’œuvre, à l’instar d’un proverbe coréen : « le commencement contient déjà la moitié du tout ». L’œuvre prend place dans l’exposition, formant un monde miniature, parallèle,à peine visible…
Un paradoxe s’opère entre le rôle protecteur de la maison et la fragilité des matériaux ici employés, entre la friabilité du sucre et la légèreté des planchettes – ce qui n’est pas sans évoquer le traditionnel conte des Trois Petits Cochons.
Jean-Michel SANEJOUAND
Le titre de l’exposition a été inventé par les élèves de 6C. Le choix n’a pas été simple, voici leurs autres propositions :
« Haut comme 3 pommes »
« Il était une fois… »
« Les enfants Millecamps »
« L’art de chacun débute petit »
« L’univers des enfants »
« Au pays des merveilles »
« Il était une fois l’enfance »
« Au pays des rêves »