Pollock (Jackson)
Jackson Pollock est né en 1912 dans le Wyoming et il est mort en 1956 des suites d’un accident de voiture. Il est l’un des plus grands peintres américains du XXe siècle.
« Quand je suis dans mon tableau, je ne suis pas conscient de ce que je fais. C’est seulement après une espèce de temps de prise de connaissance que je vois ce que j’ai voulu faire. Je n’ai pas peur d’effectuer des changements, de détruire l’image, etc… parce qu’un tableau a sa vie propre. J’essaie de la laisser émerger ».
Jackson Pollock
Issu d’une famille d’agriculteurs d’origine irlando-écossaise, il passe son enfance entre la Californie et l’Arizona à cause des déménagements successifs de ses parents. En 1923, il découvre la culture indienne des Navahos dans les réserves d’Arizona. Il sera marqué par les danses rituelles et les peintures de sable. Lors de cérémonies de guérison, ces peintures étaient tracées à même le sol par les “hommes-médecine” qui laissaient glisser entre leurs doigts du sable de différentes couleurs (4 couleurs principales, blanc, bleu, ocre et noir). Le malade s’asseyait ou s’allongeait au centre de la peinture puis l’homme-médecine prélevait du sable sur la peinture pour la déposer sur les parties du corps malade. L’important n’était pas la peinture elle-même, mais la réalisation/destruction de cette peinture qui permettait la guérison.
Le jeune Jackson commence à s’intéresser à l’actualité artistique et peut être que le fait que son frère aîné, Charles, étudie à l’Institut d’art de Los Angeles n’y est pas étranger. Il entre à la Manual arts High School en 1927. En 1930 il s’installe avec son frère Charles à New York où il va suivre les cours de Thomas Hart Benton. Son frère lui fait découvrir les peintres muralistes mexicains comme José Clemente Orozco, David Siquieiros et Diego Rivera auxquels il va s’intéresser.
New-York devient progressivement la capitale de l’art moderne, de nombreux artistes fuyant l’Europe, le nazisme et la guerre. Une rétrospective Picasso, avec Les Demoiselles d’Avignon, est organisée au MoMA, tandis que Guernica est exposé, à partir de mai 1939, à la Valentine Galerie. La peinture américaine va être grandement influencée par les maîtres de l’époque que sont les cubistes et les artistes surréalistes notamment. Pour Pollock, qui admire Picasso, c’est une période de grande émulation. Mais, malgré ses dons exceptionnels, il reste très fragile et sombre dans l’alcoolisme : il doit suivre une 1ère cure de désintoxication en 1937. Dans les années 1940, les dimensions de ses toiles s’agrandissent et il peint en expérimentant le processus d’écriture automatique des surréalistes, qui consiste à écrire ce qui vient à l’esprit, sans se préoccuper du sens, en faisant intervenir l’inconscient plutôt que la raison.
En 1943 il rencontre Peggy Guggenheim avec qui il va signer un contrat pour exposer dans sa galerie à New York. Pollock commence à être connu du grand public, mais le succès grandissant que connaît l’artiste ne suffit pas à faire disparaître ses doutes…
En 1945 il s’installe avec sa femme Lee Krasner (peintre également) à East Hampton et il y installera son atelier dans sa grange. Il entre dans sa période classique des drippings (projection de peinture sur la toile) en 1947 où il affirmera son style personnel qui sera qualifié d’action painting en 1952 par le critique Rosenberg. Pendant cette période, ses toiles sont en général de très grandes proportions, entièrement recouvertes selon le principe du all-over et réalisées par coulures et giclures de peinture à l’aide de bâtons, seringues ou autres instruments permettant d’appliquer la peinture sur la toile sans la toucher. L’artiste tourne autour de la toile posée au sol dans une sorte de danse inspirée des rituels indiens. L’œuvre est la trace, l’enregistrement des déplacements et des gestes de l’artiste.
Mais après 1952 il va réintroduire des éléments figuratifs dans ses toiles et recommencera à utiliser le pinceau. Ayant sombré à nouveau dans l’alcool, et alors qu’il n’a plus rien produit durant les dernières années de sa vie, il décède dans un accident de voiture le 11 août 1956.
« L’artiste moderne, me semble-t-il, travaille et exprime un monde intérieur ; en d’autres termes, il exprime l’énergie, le mouvement et d’autres forces intérieures. »
Jackson POLLOCK, in Hans NAMUTH : L’atelier de Jackson Pollock , Éd. Macula/Pierre Brochet.
« (…) l’un après l’autre, les peintres américains commencèrent à considérer la toile comme une arène dans laquelle agir, plutôt que comme un espace où reproduire, redessiner, analyser ou exprimer un objet, réel ou imaginaire. Ce qui naissait sur la toile n’était plus une image mais un événement »
Harold Rosenberg, 1952